Le monument aux morts de Bruges-Capbis-Mifaget, un exemplaire unique

C’est l’un des plus beaux monuments aux morts du Pays de Nay, mais pour François Lescloupé, le maire de Bruges-Capbis-Mifaget, « c’est l’un des plus beaux de France et de Navarre ! Une œuvre en bronze unique en son genre. Le travail de l’artiste Tarbais Martial Caumont qui, à l’inverse de beaucoup d’autres statuaires, a représenté la victoire de la guerre 14-18, non par une scène de combat, mais par un soldat sans fusil, tête nue, heureux de quitter le champ de bataille à l’heure de l’armistice. »
Sous l’imposante statue, le socle couvert de marbres des Pyrénées porte les noms des 93 enfants de Bruges morts pour la France pendant la 1ère guerre mondiale. Le village a payé un énorme tribut dont il ne s’est jamais complètement remis. Les élus de l’époque, conscients de cette saignée dans l’État civil, ont voulu honorer le sacrifice de leur jeunesse. Le conseil municipal a donc puisé dans ses deniers et même fait appel à des dons privés pour régler la note de ce magnifique monument. 30 000 francs anciens ! »
Cette « Deux noms avaient été oubliés »
À leur tour en 2024, les actuels élus de Bruges ont mis la main à la poche pour rénover leur patrimoine : sablage, peinture, lettres redorées… Le monument aux morts était rutilant pour l’anniversaire de ses 100 ans, le 10 novembre dernier, en présence du corps d’armée de Pau-Bayonne, de deux sénateurs, des conseillers départementaux, des maires des communes de la vallée, des scolaires et de la population saisie par une cérémonie simple, sobre, mais bouleversante.
« La vaste place de notre bastide était pleine et l’air chargé d’émotion » se souvient François Lescloupé. « Surtout lorsqu’on a évoqué les noms de deux soldats oubliés – Pierre-Ernest Larroze et Henri Pareilh-Peyrou, deux enfants de Bruges – maintenant inscrits sur la plaque des disparus, grâce au travail de Georges Tauziet, chercheur au centre généalogique des Pyrénées. »
« Dans 100 ans peut être… »
Pour l’occasion, la route qui passe entre la mairie et le monument avait été barrée et les 4 parterres, dûment fleuris de pensées. Pendant que les musiciens jouaient la Marseillaise, l’atmosphère était au recueillement… et au souvenir : « il y a 100 ans, l’émotion était aussi à son comble, les 1 500 habitants portaient tous les cicatrices de cette terrible guerre, car toutes les familles avaient perdu un proche. L’église était archipleine et le monument devenait un point central du village » raconte le Maire. Aujourd’hui encore, il arrive que des personnes viennent se recueillir au pied de la statue, ou y déposent un petit bouquet. Pour François Lescloupé, c’est un signe d’espoir : « Dans 100 ans, peut-être que nos descendants seront fiers eux aussi de faire leur devoir de mémoire au pied de ce monument ».