Des restes humains et des tessons. Un trésor pour les spéléologues Tarbais qui ont eu la surprise, en 2014 lors d’une descente dans la grotte d’Asson, de découvrir des squelettes et 3 céramiques parmi les éboulis. L’enquête scientifique suit son cours, mais a déjà révélé l’âge de ces reliques : 4000 ans environ. Une plongée en plein âge du bronze, 1 700 ans av. J.-C, quand nos ancêtres se déplaçaient par villages entiers plusieurs mois pour l’estive.
Un trésor se mérite. Les membres du GSHP (Groupe Spéléo Haut Pyrénéen de Tarbes, créé en 1961) de Tarbes ont dû ramper sur 10 m de long dans un boyau très étroit et friable. Parvenues dans une « salle » de 20 m2, les frontales lèchent les parois abruptes. Une fois à la surface, les spéléologues enclenchent la procédure : la découverte est signalée à la mairie et à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Patrick Courtaud est dépêché sur les lieux. Cet archéo-anthropologue est un spécialiste des sites funéraires. « Je fouille les Pyrénées depuis 30 ans. La grotte des Aüjous (« anciens » en patois béarnais) est un site important, située dans un secteur peu exploré, elle est spacieuse et contient des ossements ainsi que trois grosses céramiques qui remontent à l’âge du bronze, soit 1 700 ans av. J.-C. Ce type de grotte sépulcrale est propre aux Pyrénées occidentales. On n’en a pas trouvé dans les Alpes » précise le chercheur rattaché au CNRS de Pessac qui s’est adjoint les services d’autres spécialistes (des os de faune, de la céramique, de l’ADN, des isotopes…) pour reconstituer le puzzle de l’Histoire.
DIXIT
Alexandre Larruhat
1er adjoint d’Asson
Une grande émotion
« Je suis ces fouilles avec le plus grand intérêt. Nous connaissons les merveilles de la grotte de Lestelle-Bétharram, mais découvrir une grotte avec une présence humaine, remonter le temps aussi loin grâce au travail des archéologues, c’est un privilège et une grande émotion.«
→ Une sépulture saisonnière
Le premier crâne appartient à un enfant de 7 ans environ dont on a retrouvé les dents de lait et quelques dents définitives, l’autre est celui d’une femme d’environ 30 ans comme le laissent penser les os de son bassin. La poterie est de la même époque. Des ornements et le mélange utilisé pour fabriquer sa pâte en attestent. « À l’époque du bronze moyen, la morphologie des Pyrénées était la même et le climat était identique au nôtre. Il y avait du bétail et les populations semi nomades qui vivaient dans les vallées se déplaçaient en groupe vers l’estive pour plusieurs mois » raconte Patrick Courtaud. « La grotte leur servait à disposer leurs morts. C’était en quelque sorte une sépulture saisonnière ».
→ Suite du feuilleton en 2024
La grotte des Aüjous n’a pas fini de livrer ses secrets. Les fouilles reprendront à l’automne 2024. Le travail, physique, précis, fastidieux, ne peut se dérouler à la saison froide. « Il reste des ossements sous un éboulis. Et je pense que l’on va retrouver des fragments de céramiques. Certaines contenaient peut-être des offrandes dont on pourrait analyser la nature : miel, lait, quartier de viande ? » avance prudemment l’archéologue. Une certitude : nos vallées sont habitées depuis des âges immémoriaux et au bronze moyen, sur l’estive du Yerce à Asson, nos ancêtres ne vivaient pas si différemment de nous…