À Nay, elle vient d’acheter une maison qui regarde les Pyrénées. Dans les vallées, en haut des cols, elle se sent chez elle. Elisabeth Chevanne-Brachet – 14 tours de France au compteur – a posé son vélo en Béarn, mais n’abandonne pas le maillot : « Zabou » met sa ténacité au service du cyclisme féminin.
Comme chez tous les champions, c’est d’abord une histoire de mental. Même si sa fibre musculaire est remarquable, même si elle a remporté 4 courses l’année de sa 1ère licence à 12 ans et 11 la suivante, c’est son entêtement, sa tolérance à la douleur et une résilience à toute épreuve, qui ont fait d’elle une grande cycliste. « Alors que j’étais 3ème sur le tour de France 2006, j’ai chuté dans le Mont Ventoux à cause d’une vis de pédalier. Et personne pour me donner un vélo de rechange ! Là, j’ai compris que le cyclisme pro féminin n’était pas à la hauteur des efforts consentis par les sportives. Revancharde, j’ai remporté le maillot à pois et la dernière étape. Mais cet épisode m’a fait prendre conscience qu’il fallait changer les choses ».
→ Fer de lance du cyclisme féminin
L’ancienne championne du monde junior (1993), vice-championne de France élite en 2004 dans la roue de Jeannie Longo, quitte la compétition en 2006, mais pas le cyclisme. « Je me bats pour que les filles soient rémunérées, qu’elles aient un statut social. Les sportifs de haut niveau sur liste Elite ne cotisent pour la retraite que depuis 2012 ! Et il y a encore beaucoup à faire, même si le cyclisme féminin est de plus en plus visible : en 2022, j’ai assisté à la 1ère édition du tour de France femme comme ambassadrice pilote VIP et j’ai pu constater l’engouement que suscitait cette épreuve, les supporters sur le bord des routes, 19,4 millions de téléspectateurs derrière les écrans ! Moi, je n’avais jamais connu ça ».
→ À l’asso… des cols
Pour développer le circuit pro féminin, Elisabeth Chevanne-Brachet crée, il y a 4 ans, l’Association française des coureures cyclistes avec Marion Clignet, 6 fois championne du monde et double médaillée d’argent olympique sur piste. Dans la foulée, elles lancent le Tour féminin international des Pyrénées, soutenu entre autres par la Communauté de Communes du Pays de Nay. « Je voulais donner envie aux petites filles de faire du vélo. Et quel plus beau terrain de jeu que les cols mythiques des Pyrénées… le Soulor, Hautacam ? » interroge la maman de 2 filles de 9 et 12 ans qui la suivent déjà en vélo et en triathlon ! Cette année, le Tour féminin international des Pyrénées part à l’assaut de l’Aubisque. Départ le 14 juin à Goudon et dernière étape Nay-Bosdarros le 16. Après, ce sera au tour d’Elisabeth Chevanne-Brachet de se ranger derrière la ligne de départ, celle du « Marathon pour Tous » des JO, le 10 août. Avec le mental… « et pour le plaisir ».
+ D’INFOS
Rendez-vous sur le site du Tour Féminin International des Pyrénées : https://tfipcyclisme.wixsite.com/tfip