Au milieu du XIXème siècle, la France connaît une période de sécheresse. La plaine de Nay n’est pas épargnée. Le Lagoin est à sec, des maladies commencent à se développer et le bétail tombe malade. Parmi les propriétaires terriens, le ton monte : « On suffoque alors que les eaux du Gave ne sont pas si loin ! Il faut les amener jusque dans nos champs, jusqu’à nos lavoirs et nos fontaines, parbleu ! » Napoléon III entend cette colère et signe en 1860, à Biarritz, un acte constitutif autorisant la construction d’un canal qui détourne une partie des eaux du Gave pour les diriger vers le Lagoin, d’où part un réseau de fossés.
→ Séparation des eaux
Encore aujourd’hui, quand les habitants parlent du « canal », ils font implicitement référence au canal du Lagoin. Mais il renvoie en réalité à plusieurs éléments : le cours d’eau, le canal d’amenée, le canal des côteaux (abandonné) et enfin celui de la plaine du Lagoin. Le canal d’amenée longe le Gave et la voie ferrée, puis pénètre dans un tunnel de 200 m sous le château de Dufau pour rejoindre le « répartiteur » de Coarraze où s’opère une bifurcation donnant naissance à deux branches distinctes. Là, une partie des eaux est dirigée vers le nord-est pour soutenir le débit du Lagoin, tandis que l’autre partie alimente un canal accolé à la voie de chemin de fer Pau-Lourdes, sur une dizaine de kilomètres : c’est le « canal de la plaine ». Plus loin, à Meillon, le canal s’écarte de la voie ferrée pour rejoindre le Gave.
Au XIXème siècle, Napoléon III fait travailler des prisonniers pour parachever l’ouvrage par le canal des côteaux, dit aussi « canal des Anglais », destiné à l’irrigation de la plaine du Pont-Long (au nord de Pau)… Cependant, cette section n’a jamais servi : la pente, a priori mal calculée, rendait impossible l’écoulement de l’eau ! Le canal du Lagoin, lui, est encore en service. La société d’irrigation créée en 1860 pour le gérer s’est transformée en « syndicat d’irrigation de la plaine du Lagoin ». Elle est aux commandes des vannes du canal qui court sur 40 km et irrigue 12 communes pour 1,50 € par an et par habitant*. À Mirepeix, l’impressionnante station de pompage permet à elle seule d’arroser 400 ha. Ce canal historique reste le symbole de la fertilité du Pays de Nay !
* Ainsi que les taxes versées par les agriculteurs.
→ D’autres canaux sur le territoire
En dehors du Lagoin, d’autres canaux de taille variable irriguent le territoire. Le canal du Saillet fait partie des canaux de Nay qui remontent au XIVème siècle. Originellement à vocation de fossés défensifs, ils ont ensuite, été utilisés pour alimenter ateliers et moulins. Plus loin, entre Bourdettes et Pardies-Piétat, tout un réseau de petits canaux arrosent les carrés maraîchers. Au XVIIIème siècle, le Baron Henri d’Espalungue accepte la création d’un canal de desserte, subdivisé en canaux : les petits canaux des cardèdes irriguent les terres de propriétaires cultivateurs d’Arros et de Saint-Abit.